Section parallèle du Festival de Cannes, la Semaine de la Critique est dédiée à la découverte des jeunes talents du cinéma. Collaborant avec La Semaine de la Critique depuis 2004, Rémi Bonhomme en a été nommé Coordinateur Général en 2009.
Une année de plus, une nouvelle sélection de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2019, une Reprise à Metropolis- Sofil, les adeptes du cinéma et ce même visage passionné du grand écran légendaire et des nouveaux regards des cinéastes, Rémi Bonhomme, Coordinateur Général de la Semaine de la Critique. Comme chaque année, on est heureux de le retrouver avec le sourire, l’enthousiasme pour étendard, pour nous faire part des déclinaisons de cette aventure.

Pour ce qui est de la sélection de cette année, est-ce qu’il y aurait des films qui percent des différentes parties du monde notamment de cette région?
Il est vrai que le cinéma arabe prend sa place de plus en plus lors de la Semaine de la Critique. Dans cette sélection, nous notons la présence de deux films marocains, deux films algériens et un film tunisien -les films tunisiens abordant de nouveaux sujets post-révolution-, ainsi que le film d’Elia Suleiman en competition au Festival de Cannes.
Nous sommes face à une nouvelle génération de cinéastes qui interrogent l’Histoire du pays à travers le regard d’une génération qui passe pour la première fois derrière la caméra. C’est le cas du réalisateur algérien Amin Sidi-Boumédiène du film Abou Leila, portant un nouveau regard différent de celui des cinéastes plus âgés-, sur les années sombres de l’Algérie, en particulier sur la guerre civile algérienne.
Au-delà des regards sombres du vécu, qu’en est-il des lueurs d’espoir de cette sélection?
Les sujets peuvent être sombres mais je trouve qu’on est aussi face à des personnages combattifs, à titre d’exemple Litigante, de Franco Lolli, le film colombien qui a fait l’ouverture du Festival de Cannes. Le film est un portrait de femme à un moment difficile de sa vie, de sa relation à la mère ainsi que des questions de filiation qui s’y rattachent. Le personnage est assez incroyable et le film plein de vie.
Je voudrais souligner également la présence de Dwelling in the Fuchun Mountains, dans cette édition; un premier film chinois de la Semaine de la Critique. Il relate l’histoire d’une fresque familiale qui s’écroule comme le rythme des saisons. Je suis particulièrement heureux de montrer ce film à Metropolis. Au fait, ce que les films de cette sélection ont en commun, c’est qu’ils sont profondément humains et vivants même lorsqu’ils abordent des sujets sombres.
Votre coup de coeur pour cette sélection?
Plusieurs coups de coeur forcément! Je porte une tendresse très particulière pour J’ai Perdu mon Corps de Jérémy Clapin, un film riche en émotions et un film d’animation hors catégorie. Je note aussi Nuestras Madres de César Díaz, un film du Guatemala qui redonne de la dignité aux disparus. Il a d’ailleurs remporté la Caméra d’Or à Cannes. Tu mérites un Amour de Hafsia Herzi est un film d’une grande simplicité et en même temps d’une très grande force et sincérité absolue. Sa spontanéité touche énormément les spectateurs par les questions qu’il pose sur le rapport amoureux.

En ce qui concerne la production de films, les cinéastes sont-ils aidés dans leurs projets?
L’industrie du cinéma est plutôt dans une phase d’évolution quant à l’arrivée des plateformes numériques et du développement des systèmes de production. Indépendamment du contexte économique assez frileux, une quantité importante de films est produite. Pour les cinéastes, il s’agit d’être plus inventif, plus audacieux. Cela est sans doute plus difficile qu’il y a quelques années et pourtant il existe une vraie vitalité dans le jeune cinema, tout comme le reflètent les films de la Semaine de la Critique.
Ou trouvez-vous votre propre vitalité pour continuer à faire partie chaque année de cette aventure?
Dans le regard de ces jeunes cinéastes qui parviennent toujours à me surprendre.
*Interview: Marie-Christine Tayah
