Un documentaire réalisé par Adam Sobel
Après le Sundance Film Festival de 2017, The Workers Cup, documentaire réalisé par Adam Sobel, fait sa première du monde arabe à Ayam Beirut Al Cinema’iya. Le film traite de la vie des ouvriers immigrants au Qatar, au cours de la construction du stade de la coupe du monde, qui aurait lieu en 2022 au Qatar. La séance fut suivie d’une discussion en présence du producteur Ramzy Haddad et du Directeur de la Photographie Joe Saadeh.
Pourquoi le cinéma?
Parce qu’il nous fait vibrer à la une des émotions, d’un penalty, d’un air de samba ou d’une musique de cheerleaders. Parce qu’il nous transmet cette même rage de vivre ou de survivre, pour une identité meurtrie ou meurtrière.
Parce qu’il nous transpose, le temps d’un documentaire, dans la peau, l’illusion, la vie d’un autre, des autres. Et l’on change de pays, d’histoire, de lieu.
Qatar.
Le pays des rêves d’or et des tours d’ivoire, là où se tissent les projets d’une FIFA 2022, là où la world cup est à deux doigts de l’ambition.
Et puis, les souterrains sous-jacents d’un terrain gigantesque, de la grandeur des world Guinness qui défient jusqu’à la pesanteur même de l’humain. Défilent alors les tours en contre-plongée, surplombant les fourmilières et tout le reste.
Close up sur les workers.
Leur world cup à eux. Leur seule raison d’exister, de se battre. Leur seule consolation d’un dépaysement devenu forcé, juste au tournant des désillusions. One team. Une équipe qui garde la tête haute, coûte que coûte. ‘You are better than the others. Malgré leurs défaites, essayer encore, jusqu’à scorer un peu plus fort, un peu plus loin et de but en but, arriver à gagner 37$ pour faire du shopping… alors que chaque ouvrier gagne 400$ de salaire par mois. 1,6 millions d’ouvriers immigrés, soit 60% de la population vivant dans des compounds. Ils se mobilisent pour un tournoi de foot, une envie folle de gagner. Eux pour qui les rendez-vous amoureux sont interdits, leur seule raison d’exister dans cet exil devient leur liberté à s’entraîner… les enjeux diffèrent au sommet de l’échelle; pourvu qu’un nouveau shareholder voit la golden image et investit dans une golden opportunity.
Finalement, la perte d’un but, un seul, suffit à diviser l’équipe, à bafouiller les espoirs, à tout reprendre en considération, jusqu’au fin fond de leur existence. Restent les accolades, les signes de croix ou les mains levées au ciel, les regards fixés sur un seul filet, et l’ignorance de l’appât ou de l’hameçon. Kenya, Inde, Népal, Bangladesh… autant de nationalités que de coeurs qui battent à l’unisson, sous une seule meule. Celle des temps modernes ou des rois du monde. Puisse-t-on un jour gagner en humanité et vivre en équipe. ‘We are all in this together.’ One team.