Arts Scéniques Poussière d'étoiles

DANS LA PEAU DE BREL… tout simplement. Olivier Laurent au Liban

‘On vit dans un monde où c’est l’image qui fait de l’effet. Ceux qu’on entend sont ceux qui jettent de la poudre aux yeux,’ affirme Marie-Joëlle Naim Zraick dans une entrevue pour feuillesblanches il y a un an. Et pourtant, face à ce monde aveuglé par ceux -celles- qui font du bruit à paillettes, la mordue de littérature, de philosophie et de théâtre poursuit sa quête avec acharnement et persévérance, le sourire aux lèvres. Son aventure consiste à ramener des pièces de théâtre ‘de qualité’ de France au Liban. ‘Persona est un mélange de travail et de passion. Sans passion, on ne peut pas aller très loin,’ ajoute-t-elle.

Une fois de plus, une performance exceptionnelle de grande qualité mais surtout de grande âme se révèle sur les planches de l’hôtel Al-Bustan à Broumana: Olivier Laurent. Accompagné par le pianiste Mikael Roux et l’accordéoniste Aldo Granato, il se lance haut et fort dans ‘Brel… tout simplement.’

Beaucoup plus qu’un imitateur et un interprète de génie, Olivier Laurent est un homme de scène au talent époustouflant. Il se met dans la peau du Grand Jacques qu’il qualifie maintes fois de clownesque -et qui de plus tendre et généreux qu’un clown!-, jusqu’à le faire parler, chanter, accuser ces gens-là, aimer en bonbons, tirer la langue comme un enfant qui a tout à découvrir des autres et tout à donner… jusqu’à le faire renaître de ses cendres, revenir de bien loin, du plat pays qui est le nôtre…

Avec des passages de Johnny Hallyday auquel il voue aussi une grande admiration, Pavarotti, Joe Cocker, Louis Armstrong, Patrick Bruel, Aznavour, les interprétations d’Olivier Laurent rendent toutes hommage à Jacques Brel, dans un spectacle puissant; performance vocale, scénique et talent inné.

Devant une audience en larmes, en rires ou en extase, dès les premières notes, l’accordéon expire et l’ivresse d’un hier qui hante les coeurs et les corps se plante dans les étoiles… et l’on se demande à quel point un interprète, un acteur, devrait suer, se déchirer les entrailles, s’en donner à pleine gorge, enfanter ses mots dans la douleur ou la joie pour faire revivre sur scène non seulement les textes de ceux qui ne sont plus là, mais aussi des bribes de leur âme… et alors seulement, face au regard du public qui partage les mêmes émotions élever encore la voix jusqu’à la dernière octave et lever les yeux, les bras vers le ciel. Oui, la réincarnation est. Elle est dans la transmission d’amour, corps et âme… ‘BREL… tout simplement.’

Un voyage hors temps, dans un pays où il ne pleut pas, là où les perles de pluie adoucissent les ombres… et le rouge et le noir s’épousent au lever d’un jour d’or et de lumière…

Marie-Christine Tayah

*Au Théâtre AL BUSTAN le vendredi 27, samedi 28 et dimanche 29 AVRIL.

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