En 2003, Valérie Vincent, réalisatrice et metteuse en scène avait pris son vol pour le Liban dans le but de réaliser un film, ‘Les Cendres du Phénix.’ ‘Au bout d’un an et demi, une fois le projet achevé en 2004, je m’étais fait beaucoup d’amis et je sentis qu’il y avait une demande pour le théâtre francophone. Je me rendis compte que je pouvais entamer un projet théâtral à Beyrouth, ce dernier prenant toute une autre dimension. Il y avait une véritable attente alors qu’à Paris, ces projets-là étaient innombrables. Je me suis donc installée au Liban, ai créé une école de théâtre francophone ‘Langage et Expression,’ que j’ai dirigée pendant onze ans,’ affirme-t-elle.
Valérie Vincent avoue avoir surtout eu un coup de coeur pour la direction d’acteurs: ‘À part la scénographie, le décor, le texte, j’ai toujours été passionnée de direction d’acteurs, depuis mon plus jeune âge. Aller à la recherche du sentiment au coeur même de l’être humain est fabuleux.’ Pour elle, la théorie du mauvais acteur n’est en aucun cas envisageable. ‘Je suis convaincue qu’il n’existe pas de mauvais acteurs; il n’existe que de mauvais metteurs en scène. Ayant travaillé avec des comédiens professionnels; entre autres Alain Delon… mais aussi avec des acteurs non professionnels, à savoir des gens qui n’en faisaient pas leur métier, j’obtenais, à chaque fois et sans exception, de bon résultats. La direction d’acteurs est un défi qu’il me plaît de relever. Quand quelqu’un vient me retrouver envisageant de tenir un rôle, n’ayant pris aucun cours de théâtre, je suis curieuse de connaître sa motivation et je me lance alors dans l’aventure à réaliser concrêtement cette envie.’
L’étrange destin de Mr. et Mme Wallace
‘Il y a deux ans, j’avais monté un texte d’Éric Assous, ‘L’illusion conjugale,’ ayant connu un grand succès à Paris. Éric Assous m’avait fait l’honneur de m’accorder les droits de ce spectacle au Liban, et la pièce connut également un énorme succès. Pour un metteur en scène, ce texte se basait en gros sur la direction d’acteurs,’ raconte Valérie. À elle de poursuivre, ‘Cette fois-ci, je cherchais un texte qui me permettrait de laisser libre cours à ma créativité du point de vue direction d’acteurs mais aussi de par la scénographie, la lumière et l’éclairage, afin de pouvoir exprimer ma vision d’une manière totale. Ce texte de Jean Louis Bourdon répondait à toutes mes attentes.’
Faisant part de son expérience scénique et scénographique, elle poursuit: ‘Quand j’ai lu la pièce, j’ai vu ce personnage de l’esclave tout au long de l’histoire alors qu’il n’existait pas du tout dans le texte. L’escalier était aussi pour moi une sorte d’échaffaud mais en même temps de montée au paradis, de se tenir au bord de l’abîme. De plus, le berceau du petit enfant, représentant le panier de la cigogne est suspendu dans le vide et pourrait aussi être une source d’angoisse puisque les fils sont extrêmement fins. J’ai voulu qu’il n’y ait pas de garde-fous; quand les acteurs se trouvent en haut de l’escalier, on se demanderait s’ils finiraient par sombrer ou plutôt par accéder à la redemption. J’ai voulu destructurer cet intérieur décrit à la base comme un intérieur très bourgeois orné de tableaux, de fleurs et de bibelots. De plus, la lumière appuie ce dépouillement. Le décor présente une porte qui ne mène nulle part, un escalier osé… Toutes ces images-là me sont venues en lisant le texte qui comporte par ailleurs un message très puissant et brut. Tout ce qui est dit dans cette pièce est une évidence mais rarement verbalisée.
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Texte:
Jean Louis Bourdon
Mise en scène:
Valérie Vincent
Acteurs:
Joe Abi Aad
Cyril Jabre
Cécile Longé
Mohamed Sidibé
‘On est toujours mieux ailleurs,’ dit Mme Wallace. Le pensez-vous?
On croit que l’on est toujours mieux ailleurs, mais finalement le Bonheur est ici.
-Marie-Christine Tayah