Rana et Guy, un jeune couple marié vit à Beyrouth. Après que Rana a quitté son travail, Guy décide de prendre la route avec elle vers la campagne. Là-bas tout est différent. Le film trace un parallélisme pointu entre la ville et la montagne.
De ce film, dans le silence, il nous reste cette torpeur de la ville, les grandes poubelles vertes, les rues grouillées de gens où les klaxons se mêlent au souffle et à l’essoufflement de Rana. Entre ses autoportraits sur le mur blanc et les ‘Saturday night fever,’ elle suffoque. Ce rythme lent et lourd nous porte sur les routes de la montagne où les yeux se ferment au rythme des clignotants. Tout roule au ralenti comme les bains qui coulent sans pour autant purifier les corps pollués d’un trop plein de boissons, de fumées, de sons assourdissants.
‘On the road’ vers la montagne, le couple s’échange un premier sourire, marche à tâtons dans les ruines sur les vestiges des jours heureux, s’endort dans un espace aérien, blotti sous un arbre et un renouveau de tendresse. Le son des grillons, le bruissement des feuilles, le tronc d’arbre en gros plan, comme une base inébranlable est une affirmation: tout est là. Au fond d’une église ou d’un cimetière. Plus aucune ombre du passé. Sans rien ni personne. ‘That’s where it ends.’ Et puis, la photo de la ville bruyante se fige, en silence, blanc sur noir… ou sur mur blanc.
Si ce film de 98 minutes n’est pas un court-métrage, c’est peut-être pour nous enliser dans cet étouffement d’une ‘road’ de vie que l’on poursuit, anesthésié, hypnotisé, sans mot, sans son, dans l’attente d’un lendemain meilleur… où les souvenirs demeurent ce qu’on a de plus précieux. ‘La vie est un long fleuve tranquille.’ ‘The Road’ aussi.